Études et témoignages
Editors : |
AVSF |
Authors : |
Boscher Christophe Valleur Romain |
Year : | 2012 |
Promouvoir le commerce équitable en Afrique de l'Ouest
Des milliers de producteurs d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à des difficultés qui les mettent en position de faiblesse dans les échanges mondiaux. Face à ce constat, le commerce équitable constitue un mode d'échange entre Sud et Nord qui donne l’opportunité de renverser le processus de marginalisation des agricultures paysannes d’Afrique. Ce document présente les conclusions d'un atelier organisé par AVSF en alliance avec le WAFN (West African Fairtrade Network) en Togo en mai 2010, en presence de représentants d'organisations de producteurs d'Amérique Latine, d'organismes certificateurs, d'acteurs économiques et bailleurs, pour identifier les condtions de l'essor du commerce équitable sur le continent africain.
Des milliers de producteurs d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à des difficultés qui les mettent en position de faiblesse dans les échanges mondiaux :
Face à ce constat, le commerce équitable (CE) constitue un mode d'échange entre Sud et Nord qui donne l’opportunité de renverser le processus de marginalisation des agricultures paysannes d’Afrique. Historiquement, le CE s’est développé depuis une quinzaine d’années autour des organisations de producteurs (OP) d’Amérique Latine, initialement sur le café, puis à partir du début des années 2000 sur de nombreux autres produits tropicaux comme le cacao, la banane, la mangue, l’ananas… Le développement de ce segment de marché favorable aux producteurs économiquement marginalisés est par contre beaucoup plus récent en Afrique de l’Ouest. (En 2009, le chiffre d’affaire mondial des ventes en CE labellisé FLO s’élevait à 3,4 milliards d’euros en 2009 et concernait 827 OP réparties dans 60 pays. En France, plus d’un foyer sur trois achètent régulièrement des produits issus du commerce équitable). Dans le même temps, l’accélération de la demande au Nord pour des produits certifiés en Commerce Equitable a impliqué une augmentation rapide du nombre d’organisations insérées dans ces filières en laissant toutefois des « temps d’apprentissage » moins longs aux nouvelles organisations entrant sur le marché et rendant les conditions d’insertion moins favorables pour les structures les plus faibles.
Ainsi en Afrique de l’Ouest, la majorité des OP sont confrontées à de multiples problèmes tout particulièrement en termes d’offre, de gestion de la certification, d’insertion sur le marché du CE et doivent parfois faire face à une concurrence importante de nouveaux types d’acteurs également impliqués dans le CE tels que les agro-plantations ou les multinationales de l’agroalimentaire implantées dans les pays producteurs. Une des solutions adoptées par ces organisations pour surmonter l’ensemble de ces contraintes est de créer des réseaux mobilisés autour de la promotion du CE par l’agriculture paysanne. Mais ces structures naissantes ne maîtrisent que partiellement leurs responsabilités et fonctions et connaissent pour l’instant des difficultés à s’affirmer. Ainsi, les principaux enjeux auxquels font face les OP pour la promotion du CE en Afrique de l’Ouest à court et moyen termes passent par :
Dans ce contexte, Agronomes et Vétérinaires sans frontières a organisé cet atelier dans le cadre du programme «Renforcement institutionnel d'organisations paysannes et d'appui au développement rural du Sud» financé par l’Agence Française de développement - AFD, en concertation avec le WAFN (West African Fairtrade Network) et Max Havelaar France. Cette rencontre visait à renforcer les capacités des OP d’Afrique de l’Ouest via par un partage de réflexion et d’échanges d’expériences entre OP d’Afrique de l’Ouest et d’Amérique Latine engagées en CE et entre structures engagées dans le soutien au CE en Afrique de l’Ouest (ONG, Organismes certificateurs, acteurs économiques, Plate-forme française du CE, Réseaux professionnels et bailleurs entre autres).
Dans un contexte d’incorporation croissante d’OP au sein du CE et d’enjeux forts existants à différents niveaux (national, sous-régional, international, et sectoriel) et nécessitant que ces organisations et les intérêts de leurs associés soient représentés, les réseaux nationaux et sous-régionaux rassemblant les OP certifiées CE ont un rôle important à jouer, aussi bien au sein du CE qu’en alliance avec les autres organisations paysannes et réseaux existants non impliqués dans le CE.
L'atelier a permis de partager les expériences menées sur les deux continents dans le cadre du CE, tout particulièrement en termes d’impacts générés, de gestion de la certification, d’insertion aux marchés et de réseautage ; de s’informer et de débattre ensemble des évolutions des initiatives de certification (FLO - Fair Traide Labelling Organisation, Ecocert, CLAC: Coordinadora LatinoAmericana y del Caribe de comercio justo); et de réfléchir conjointement aux stratégies opportunes de déploiement et de renforcement d’initiatives de CE en Afrique.
Le présent document a pour objectif de transcrire le contenu des présentations et des débats, et d’apporter des compléments d’information qui nous l’espérons contribueront à la réflexion et à l’effort collectif visant l’essor du CE en Afrique, au profit de ses OP et du CE dans son ensemble.