Pour que les femmes et les hommes
vivent de la terre durablement

Les femmes au coeur de l'agroécologie en Equateur

Maria SOLIZ CARRION, Directrice de l’association CEDIR en Equateur

Pouvez-vous nous expliquer votre partenariat avec AVSF ?

Le CEDIR (Centre Développement et Etudes Rurales) et AVSF mènent une collaboration depuis 20 ans, et il est important de souligner la proximité institutionnelle de nos objectifs principalement parce que les deux institutions se centrent clairement sur le monde rural et son développement, ensuite sur l’enjeu de la compréhension et du développement de l’agriculture familiale.


Existe-t-il une spécificité des relations Homme-Femme dans les Andes ?

Oui, il existe une spécificité des relations homme femme dans les Andes. On a beaucoup parlé des relations de complémentarité entre les hommes et les femmes, depuis la mythologie jusqu’aux études anthropologiques qui définissent une sorte d’idéal andin de complémentarité dans le couple. Cependant, les relations de genre seront toujours marquées par des relations de pouvoir dans chaque société que nous ne pouvons nier, notamment au niveau intrafamilial où les situations de pauvreté et d’inégalité féminisent la pauvreté, délèguent des travaux domestiques à des fillettes, soutiennent souvent des contrôles sociaux et des valeurs culturelles discriminatoires contre les femmes.


Quel est le rôle économique des femmes grâce à la vente directe sur les marchés et à l’agroécologie ?

En Equateur, dans le Sud des Andes, parler d’agroécologie c'est parler des femmes productrices : en raison de l’évolution agricole, cette région se caractérise par la petite propriété et des conditions de production désavantageuses (peu d’accès à la terre, à l’eau et aux ressources productives), qui ont entraîné un exode rural précoce dans la zone. Nous sommes face à une situation historique de féminisation de l’agriculture, et les femmes sont les principales responsables de la ferme, elles en développent les activités de production, tout en étant également les principales dépositaires des connaissances traditionnelles de ces systèmes de production (prévisions météorologiques, gestion des semences, connaissance et utilisation de plantes médicinales, techniques de processus de production, etc).

Au niveau organisationnel, si nous analysons l’évolution des organisations dans la région, nous pouvons souligner l’importance actuelle de nouveaux leaderships de femmes. A la lumière de l’enjeu agroécologique, il ne fait aucun doute que les femmes constituent aujourd’hui la principale base sociale de nombreux groupes et organisations de producteurs, atteignant plus de 70 % de leurs affiliés. Ce sont elles qui ont mis en pratique et qui ont réussi à combiner les systèmes paysans traditionnels, le développement de marchés agroécologiques et la constitution de nouveaux modèles de relation producteurs consommateurs avec la certification locale participative.

Grâce à CEDIR et AVSF, ces paysannes Equatoriennes peuvent désormais vendre directement leurs produits sur les marchés locaux.

Propos recueillis par Gaëtan DELMAR

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