Projet ASARA-FAGNATSARA, En partenariat avec le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, l’Ordre National des Docteurs Vétérinaires de Madagascar (ONDVM), en collaboration avec ADRA, AIM et CRS
La zone du Sud de Madagascar est réputée pour être une zone d’élevage de grands et petits ruminants. La santé animale est un service faiblement couvert, ce qui affecte négativement le développement et la croissance des cheptels, pourtant important comme capital pour couvrir les besoins de base des familles. Cette faiblesse du service est, par ailleurs, exacerbée par les aléas climatiques, notamment la sècheresse et l’irrégularité des précipitations, qui sévissent dans ces régions.
De plus, le faible déploiement local des vétérinaires du service public ou privé de santé animale, lié à une répartition géographique hétérogène des élevages et à des infrastructures routières de mauvaise qualité, a eu pour conséquence le délaissement des éleveurs depuis de longues années.
Par ailleurs, depuis quelques années, différents services d’élevage et de santé ont fait leur apparition, comprenant des opérateurs privés, les agents vaccinateurs, les agents d’élevage, les agents de santé communautaire, etc… Une multitude d’acteurs aux compétences variées qui exercent parfois dans des zones identiques, qui manquait d’articulation efficace avec les autorités sanitaires (services vétérinaires).
Le réseau de santé animale était ainsi faiblement organisé, voire déstructuré, avec une mauvaise coordination entre acteurs, et l’augmentation du risque de délivrance d’un service de moindre qualité. Une homogénéisation des services de proximité de ces multiples auxiliaires, qui sont des éleveurs réalisant quelques actes de prévention et de soin de bases pour d’autres éleveurs, était devenue impérative pour accompagner le développement des élevages de ces régions. Le projet s’est attaché à construire, en partenariat avec les vétérinaires privés et les autorités sanitaires, une formation unique, qui a permis :
- aux services vétérinaires de mieux suivre les activités relatives aux actes de santé dans une zone définie,
- aux vétérinaires sanitaires d’encadrer ces nouveaux acteurs mieux formés, qui leur transmettront des données épidémiologiques actualisés au sein de leur zone d’intervention
- aux éleveurs d’avoir accès à un service de proximité.
Symboliquement, une dénomination unique a été choisie pour ces agents communautaires de santé animale : MMAV (Mpiompy Mpanampy amin’ny Asa Veterinera en malgache), soit littéralement « paysan-assistant vétérinaire ».
Les résultats obtenus de cette action pilote sont concluants.
L’accès à un service de santé animale de proximité pour les éleveurs du Sud de Madagascar est aujourd’hui opérationnel dans 5 districts des régions Anosy et Androy où six vétérinaires encadrent 125 MMAV (8% de femmes). Ces agents ont nettement amélioré l’accès à un service de qualité, couvrent 85% de la superficie de ces 5 districts et ont participé activement à l’amélioration de la santé animale de milliers d’animaux d’élevage, source de revenu et de lien social pour les éleveurs du Sud de l’île.
En quatre mois d’intervention les MMAV ont été sollicités au moins une fois par plus de 10 000 éleveurs. Grâce aux actions de vaccination et de déparasitage, le taux de mortalité des volailles est passé de 90% à 12% des petits cheptels, et celui des caprins de 65% à moins de 5%.
Un ensemble de matériels pédagogiques (manuel de mise en place des MMAV, contenu de la formation, guide de formation pour les formateurs), a été élaboré pour appuyer la formation de futurs MMAV.
Après cette phase de test et vue la satisfaction des différents partenaires impliqués, la poursuite du travail collectif avec le Ministère de l’agriculture et de l’élevage et l’ordre des vétérinaires a permis d’élaborer un référentiel d’activité, de formation et de certification plus complet intégrant l’approche par compétence. Ce travail a impliqué différents services (techniques et transversaux) du Ministère de l’agriculture, les représentants de l’Ordre des vétérinaires, ainsi que des vétérinaires sanitaires et des MMAV en activités.
Cette harmonisation des référentiels de compétences est une première étape essentielle qui permettra par la suite de déployer des MMAV de manière harmonisée à une plus grande échelle sur le territoire, répondant ainsi à la fois aux besoins des éleveurs et au renforcement du maillage sanitaire sur le territoire, en cohérence et en complémentarité des activités des vétérinaires de terrain.
Pour consolider cette action, AVSF va poursuivre son travail avec les autorités sanitaires de Madagascar pour faire reconnaître par voie réglementaire les activités des MMAV et réfléchir au dispositif opérationnel de formation de ces agents. L’objectif est de permettre ainsi à un maximum d’éleveurs dans le pays de disposer d’un accès à un service de santé animale.
Le projet a pris fin en mars 2018 et a été financé par l’Union Européenne .