À la création de la Fondation Ensemble fin 2004, nous formulions notre mission comme un soutien à un développement humain durable intégrant la protection de l’environnement. Ce concept de mission n’existait pas alors et il était bien sûr intéressant de le formuler ainsi. Ce qui m’a gênée plus tard, c’est de définir la nature en tant qu’environnement de l’humain. Comme si elle ne pouvait exister sans lui, alors que c’est le contraire qui est vrai. C’est pourquoi aujourd’hui nous préférons dire que la Fondation Ensemble s’est donnée pour mission de protéger la vie sous toutes ses formes, humaine, animale et végétale, car tous les éléments de la chaîne de la Vie sont liés… Ensemble. C’est pour nous une notion fondamentale. Nous nous sommes aussi recentrés sur les secteurs d’intervention dans lesquels nous faisons une vraie différence : agriculture et pêche durables, conservation de la biodiversité terrestre et marine ainsi que les technologies durables. Et nous ne cherchons pas à agir dans de trop nombreux pays, suivant une stratégie qui prend en compte la stabilité politique, une relative sécurité et des besoins fondamentaux de la population non pourvus. En Asie, nous restons encore au Cambodge pour des projets innovants, nous sommes présents au Laos et au Myanmar depuis peu. En Afrique, nous sommes très impliqués au Mozambique depuis plusieurs années, et récemment avec un partenaire important, la Oak Foundation, sur la mise en œuvre de pratiques durables de pêche artisanale. En Amérique du Sud, nous menons des projets en Équateur et au Pérou.
Nous avons une relation historique avec AVSF, puisque nous avions déjà soutenu un projet eau et assainissement au Pérou en 2006, qui a d’ailleurs reçu le Grand prix de la Fondation Ensemble en 2011. En plus de la problématique de l’eau, ce projet abordait l’agroforesterie, la reforestation, la réhabilitation de pratiques ancestrales, les cultures fourragères, la reproduction bovine, et même la production de fromage. Ce que j’apprécie chez AVSF, c’est cette approche très axée sur un cœur de métier, l’agroécologie, et en même temps une attention portée au renforcement de capacités des systèmes de production, à la valorisation et à la commercialisation, qui sont souvent les points faibles des projets d’agriculture durable. AVSF a une approche technique mais aussi un intérêt pour des pratiques ancestrales, comme celles de la conservation des sols, sans prétention de tout inventer. Proposer aux communautés de changer leurs pratiques est fondamental, mais si on ne leur apporte pas aussi les moyens d’améliorer leur niveau de vie, ils ne les adopteront pas. C’est bien évidemment un élément de réussite fondamental dans les projets d’agriculture durable.