Pour que les femmes et les hommes
vivent de la terre durablement

Dans l'intimité des éleveurs nomades au pays du ciel bleu

par Frédéric Apollin

ULAAN BAATAR … LA BRUME GRISATRE AU PAYS DU CIEL BLEU …

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Vendredi 30 septembre - Aéroport Gengis Khan – 6h50

Mandar, le chauffeur qui me reçoit à l’aéroport, a un gros ventre. Assis sur le fauteuil avant du petit fourgon UAZ, de fabrication russe, une espèce de caisse à savon posée sur un châssis 4X4, d’un âge révolu de la grande époque de l’URSS, il manque moins de deux centimètres à Mandar et son gros ventre épais pour bloquer le volant de la direction. Mais Mandar n’a pas qu’un gros ventre : il est surtout le fidèle chauffeur de la Fédération des Eleveurs de l’Arkhangaï et un chauffeur émérite là où plus aucune route ne trace le chemin dans les montagnes et hautes steppes mongoles, et où le goudron laisse très souvent la place à la neige.

Bringuebalés dans ce fourgon russe, dont j’apprends bien vite qu’il est, malgré son design des années 40, de fabrication toute récente, Mandar nous mène d’une conduite hésitante et prudente au centre d’Ulaan Baatar. La steppe mongole lui est plus familière que les artères, feux et ronds-points de la capitale.

"Welcome to Ulaan Baatar, the local température is - 7°C", nous avait annoncé la charmante hôtesse de la MIAT, la Mongolian Airlines à notre arrivée. Douze heures auparavant, il faisait encore 27°C dans l’été indien parisien.

Dans cette brume matinale, grise et froide, même si pas encore hivernale et glaciale d’Ulaan Baatar, mon regard se porte immédiatement  sur ces épaisses volutes noires qui s’élèvent dans le ciel, et ces hauts fourneaux de centrales thermiques à charbon. Les édifices et appartements de la ville sont tous encore alimentés, comme à Moscou ou Bucarest, par un système de chauffage collectif : vestiges de cet Etat hier communiste au service de ses citoyens. Une odeur de charbon brûlé me monte au nez.

En quelques mots précis et clairs, Cédric, notre coordinateur en Mongolie, m’a déjà brossé un résumé de la situation économique de ce pays, fier, encerclé par ses grands frères chinois et russe et qui aimerait bien s’en émanciper. Les mines qui font la richesse du pays sont d’ailleurs là pour aiguiser certains appétits gourmands. Des édifices staliniens côtoient des yourtes installées à côté de baraquements en dur. Ulaan Baatar, la ville village, plus de la moitié des 2,7 millions d’habitants de cet immense pays, une île de civilisation urbaine sur ces terres chargées d’histoire de l'ancien empire de Gengis Khan, encerclée par des espaces naturels imposants à perte de vue.

A peine revenu il y a six jours de Cusco, cœur de l’ancien empire Inca, ce matin encore à Paris, l’horloge interne pas vraiment encore réglée, j’ai un peu du mal à y croire, mais je suis pourtant bel et bien arrivé au Pays du Ciel Bleu, même si pour l’heure, il me semble encore bien gris.