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LA "SUCCESS STORY" DE MADAME SOA PHIN ET SA FUTURE NOUVELLE MAISON



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LA "SUCCESS STORY" DE MADAME SOA PHIN ET SA FUTURE NOUVELLE MAISON

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Samedi 5 février 2012 – 16h
Village Santuk Khnong, commune de Kakoh, district de Santuk, province de Kompong Thom

Son logis n'est pour l'heure qu'une unique pièce de paille, bois et végétal posé sur quelques pilotis brinquebalants. Pourtant, alors que je lui demande de poser pour une photographie devant son humble maison, Madame Sao Phin appelle vite son fils à peine vêtu et se prête avec plaisir à cet exercice. C'est qu'elle sait aussi déjà ce qu'elle veut me montrer : une fois le cliché pris, elle m'entraîne derrière la maison et d'un geste de la main et d'un sourire éclatant, m'indique des plots bétonnés posés l'un à côté de l'autre.

Ils sont certes à mon goût moins poétiques et typiques qu'une traditionnelle maison paysanne cambodgienne. Mais ils représentent toute sa réussite qu'elle est maintenant si fière de nous montrer. Ces plots supporteront bientôt sa nouvelle maison qu'elle construira, nous dit-elle, en avril prochain. Patiemment, elle les a achetés un par un, tout comme ces poutres de bois, stockées sur le côté, qui bientôt soutiendront sa nouvelle résidence.

Je l'ai vite appelé à la rescousse pour m'aider à comprendre ce que tente de m'expliquer mon interlocutrice. Mister Sophany, notre collègue responsable du "projet", lui fait expliquer posément comment elle a pu, avec le "projet" en arriver là.

"Ils m'ont donné quatre poules et un coq. Au nouvel an chinois, j'ai ainsi pu vendre vingt-cinq poules pour plus de 110 USD". Ses mots sont clairs, ses souvenirs précis, ses calculs infaillibles. On peut faire confiance à ces paysans pour savoir compter et Madame Sao Phin a l'air de savoir exactement ce qu'elle veut. Avec ces quelques dollars, elle nous explique avoir pu acheter un cochon et commencer à acheter du ciment, de la pierre, du sable et des clous. Une fois engraissé, elle a alors vendu le cochon pour acheter du bois.

"Maintenant, je pense racheter un nouveau cochon en vendant des poulets". Pas besoin d'expertise économique additionnelle : Madame Sao Phin nous présente clairement un cycle de recapitalisation économique qu'elle maîtrise parfaitement.

Devant ma caméra, elle arbore un grand sourire et partage avec nous ce petit plaisir : elle sait que bientôt, elle pourra offrir à son fils une maison décente et plus encore. Ces petites poules l'ont emmenée loin ...

Mister Sophany ne dit maintenant plus rien : en retrait, mais comme tous ici, attentif à pouvoir réagir ou répondre à toute question posée, il se sent probablement scruté, observé, analysé par les "grands chefs". Nous lui avons fait part de nos félicitations pour le travail accompli et dont témoignent ces hommes et femmes que nous rencontrons sans discontinuer depuis deux jours. Dans la voiture, sur le chemin du retour, il m'explique non sans mal que cela a été un grand honneur que Mister Sophoan le choisisse comme responsable de ce projet de sécurité alimentaire et qu'il a fait du mieux qu'il a pu ! Il a même appris l'anglais, langue indispensable au Cambodge pour "tenir sa place" dans des réunions institutionnelles où la coopération étrangère reste très présente depuis la fin de la période khmer rouge. Ces félicitations ne sont pourtant pas protocolaires, elles sont sincères.