
AVSF vous propose de découvrir cet article rédigé par Véronique et Vincent. Ce couple de retraités s’est lancé dans un incroyable défi solidaire : parcourir 9 000 km à vélo pour nous soutenir et promouvoir l’agroécologie ! Du Cap Saint Vincent au Portugal jusqu’au Cap Nord en Norvège, ils nous racontent leurs aventures et leurs rencontres.
L’archipel de Vega et ses 6 500 îlots sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la spécificité de leur habitat, de leur mode de vie et pour ses eiders, ces oiseaux dont le duvet est bien connu des sportifs et des passionnés d’édredons. Depuis plus de
2 000 ans, ces îlots sont habités et présentent un écosystème et une structure humaine et économique très comparables à ceux des îles des Hébrides écossaises. De plus, les deux archipels disposent d’une manne pétrolière pour les aider. Leur climat maritime est très humide avec des écarts de température modérés et relativement doux. Il n’a cependant pas permis le développement d’une agriculture autre que de survie et laisse les espaces libres, surtout aux moutons. À Vega, on élève également des bovins. Le sol permet la production d’herbe alors que celui des Hébrides est fait de tourbe.
Les Hébrides ont une vieille tradition de chasse annuelle de guga, les petits des fous de Bassan sur l’île de Sula Sgeir. De son côté, Vega a une tradition ancestrale de « coopération » avec les eiders qui remonte au moins au Xe siècle. Par ailleurs, le commerce de leur duvet est déjà mentionné par les Vikings. Il s’agit en effet d’un « accord » entre l’homme et l’oiseau : le premier installe des nichoirs pour protéger les eiders qui laissent en retour leur duvet pour nicher et élever leurs petits. Les anciens habitants expliquent que chaque année, les mêmes oiseaux reviennent et semblent reconnaître leur « logeur » . Mythe, rêve ou réalité ? Le fait est qu’avec le départ des habitants, il y a de moins en moins d’oiseaux.




La préparation du duvet est un vrai travail de bénédictin et demande une patience folle pour retirer à la main tous les débris de duvet puis le peigner, le laver, le sécher et en remplir des couettes, édredons, vêtements etc. D’où son prix… et sa rentabilité pour les habitants.
Les paysans ramassaient également les oeufs tout en veillant à laisser l’espèce se reproduire. Sur cinq oeufs en moyenne par femelle, seulement un ou deux étaient prélevés.
Comme dans les Hébrides, la survie des populations à Vega est fragile, d’autant plus qu’encore jusqu’à la fin du XIXe siècle, la terre ne leur appartenait pas. Elle était louée par un landlord qui était aussi payé en duvet et en oeufs d’eider. Aujourd’hui, le gouvernement norvégien a mis en place des incitations économiques pour maintenir les habitants, comme dans les Hébrides.
Une forme d’économie circulaire était pratiquée. Les éleveurs de moutons produisaient la laine qui servait à fabriquer les vêtements utilisés par les marins lors de leurs campagnes de pêche dans les Lofoten. En retour, ces derniers les payaient en poisson.
Du fait du gulf stream, la zone est très poissonneuse. La production principale a toujours été le stockfish, le cabillaud séché. Les commerçants de la Ligue hanséatique l’ont compris dès le XIIIe siècle en créant à Bergen leur base commerciale avancée. Malheureusement, ce commerce qui faisait travailler des marins pêcheurs artisanaux sur les îles, a été anéanti par l’arrivée des navires-usines qui ont provoqué la fuite des petits pêcheurs. Il ne reste plus que quelques cabanes en ruine. Dommage pour l’écosystème.
Dans les deux cas, le tourisme est une ressource importante mais reste auto-régulée par le manque d’infrastructures et par les besoins de circuler en ferry.
Petite anecdote, on raconte que le nom de la marque Eider créée à Annecy, aurait été inventée lors d’un hiver des années 1960 où une vague de froid exceptionnelle a frappé le lac, attirant les eiders sur ses eaux. Depuis, ces derniers sont restés le symbole de résistance face au froid et à l’adversité.
Petite note de climato non sceptique : une montée des eaux d’un mètre signerait la fin de l’archipel.