
AVSF vous propose de découvrir cet article rédigé par Véronique et Vincent. Ce couple de retraités s’est lancé dans un incroyable défi solidaire : parcourir 9 000 km à vélo pour nous soutenir et promouvoir l’agroécologie ! Du Cap Saint Vincent au Portugal jusqu’au Cap Nord en Norvège, ils nous racontent leurs aventures et leurs rencontres.
La famine dont a souffert le peuple irlandais au milieu du XIXème siècle illustre bien le risque inhérent à la monoculture.
Mais que cultiver d’autre que des patates sur un sol pauvre en nutriments et peu fertile ?
Les raisons de la tragédie sont surtout liées au morcellement des terres. Elles sont concentrées dans les mains de quelques milliers de grands propriétaires et des millions de métayers et ouvriers agricoles les cultivent. D’ailleurs, ces derniers vivent souvent dans une extrême pauvreté. Nous les avons retrouvé dans des chaumières sans fenêtres qui marquent le paysage, surtout dans les régions déshéritées de l’Ouest du pays (Mayo, Donegal) que nous avons traversées. De ce fait, nous pouvons encore y observer de nombreuses ruines de masures.



Pour se nourrir, les irlandais dépendent principalement de cette pomme de terre introduite à la fin du XVIème siècle. Elle s’accommode bien au climat humide du pays, occupe peu de surface et est très nourrissante.
Avant la famine, elle constitue l’aliment quasi-exclusif d’un tiers des irlandais.
Elle participe même à l’explosion démographique du début du XIXème siècle. L’île voit sa population doubler en quelques décennies, ce qui augmente par conséquent l’émiettement des sols et la dépendance au tubercule.
En 1845, l’Irlande est une terre vulnérable, à la merci d’un simple parasite, le mildiou, surtout lorsqu’il touche ses champs de patates.
Privée alors de sa principale source de subsistance, l’île d’Émeraude comptera plus d’un million de morts, dont la moitié était des enfants. Le gouvernement a d’ailleurs minimisée voire méprisée cette tragédie qui servira alors d’accélérateur au mouvement indépendantiste. Le poignant livre Grace de Paul Lynch témoigne de cette crise humanitaire.
La monoculture reste encore un problème visible lorsqu’on traverse le pays. Aujourd’hui, 90% de l’agriculture irlandaise est liée aux pâturages ou à la production de fourrage. Malgré ses vastes prairies, le pays importe du fourrage et exporte plus de la moitié de sa production, surtout laitière et carnée.
Les irlandais restent de grands consommateurs de pommes de terre, essentiellement sous forme de chips et frites et sont dépendants de leurs importations de céréales, fruits et légumes dont les tubercules.
Alors pourquoi pas de serres chauffées à la tourbe ? Les serres existent bel et bien puisque nous avons trouvé des fraises d’Irlande fort goûteuses…