Isolés-es et marginalisés-es, les paysans-nes peinent à faire valoir leurs droits. C’est pourquoi la liberté de se regrouper en coopératives, syndicats ou associations est essentielle. Elle permet de protéger leurs intérêts et de mener des actions collectives pour faire entendre leur voix.
Pour AVSF, les organisations paysannes sont un levier incontournable de transformation sociale et économique des territoires. Les aider à se structurer et à se professionnaliser est la clé de toutes nos actions. À Madagascar, par exemple, nous accompagnons la coopérative FANAEVA depuis ses débuts.
C’est en 2019 que l’histoire de cette coopérative prend racine. D’abord rassemblés autour de jardins communautaires (1) initiés par le projet TAMBATRA, des producteurs et productrices s’organisent en une petite structure informelle.
Face à des difficultés de commercialisation communes, l’initiative prend de l’ampleur jusqu’à obtenir le statut de coopérative en 2024. Aujourd’hui, FANAEVA compte plus de 400 membres.
Un outil puissant pour des conditions de vie dignes
Les organisations paysannes sont bien plus que de simples regroupements. Elles garantissent à leurs membres un accès à des droits fondamentaux. C’est-à-dire un accès sécurisé à des ressources, des conditions de travail décentes, des revenus plus justes, une reconnaissance politique et économique et des perspectives d’avenir.
« La coopérative FANAEVA permet de développer les techniques agroécologiques, d’augmenter les revenus des ménages membres, d’identifier des pistes de commercialisation plus rémunératrices et de développer la transformation des produits agricoles pour créer de la valeur ajoutée, comme les chips de manioc », témoigne Hervé Ratovoniaina Rado, producteur de la coopérative.
Hervé précise également qu’en misant sur la qualité, les paysans-nes ont su fidéliser une clientèle qui passe aujourd’hui commande chaque semaine. Un succès qui garantit aux familles des revenus réguliers et une meilleure stabilité financière.
Un impact bien au-delà des membres
L’effet bénéfique de ces coopératives dépasse largement leurs adhérents. FANAEVA approvisionne désormais les cantines scolaires des écoles publiques locales en produits agroécologiques. Elle propose également des paniers de légumes sur les marchés. Elle améliore ainsi l’alimentation des habitants des communes de Fiaferana, Manandriana et Viliahazo.
La coopérative a également su prendre sa place au niveau local et est maintenant reconnue par les autorités. « Lors de l’élection communale, la coopérative a été sollicitée par les candidats, et nos propositions sont écoutées. Au niveau des fokontany (2), les responsables locaux considèrent les groupes de producteurs comme des modèles pour les autres », tient à souligner Hervé.
À Madagascar comme dans ses 22 autres pays de coopération, AVSF agit pour renforcer le pouvoir et l’autonomie des organisations paysannes. Car défendre la liberté d’association, c’est bien plus qu’aider les paysans-nes à s’organiser. C’est leur donner les moyens de résister à l’injustice, de peser sur les décisions qui les concernent et de revendiquer une place digne dans nos sociétés. Le droit de s’unir, c’est le droit d’exister.
(1) Jardins communautaires : mini-terroirs aménagés intégrant diverses pratiques agroécologiques identifiées conjointement avec les groupes de producteurs pour répondre à leurs besoins.
(2) Quartier administratif d’une commune.