Pour AVSF, Marc Chapon, Coordinateur au Togo
La diversité des Suds, tant en termes de cultures, de pratiques, de développement organisationnel, qu’en termes de traditions et d’approches dites modernes, offre de nombreuses opportunités pour le développement global. C’est particulièrement vrai dans le domaine agricole, où l’échange d’expériences et de pratiques joue un rôle clé.
Loin d’un modèle descendant centré sur le transfert de technologies du Nord, AVSF soutient une autre approche : celle de l’apprentissage horizontal, entre communautés rurales partageant des contextes, des contraintes, mais aussi des aspirations similaires.
Apprendre entre pairs pour mieux s’adapter aux défis agricoles
Les échanges de pratiques et de formations s’effectuent à différentes échelles : au sein d’un même village, d’un même pays, entre plusieurs pays, voire entre différents continents. Leur objectif est d’accroître les capacités d’adaptation aux enjeux de production et de transformation agricole, tels que le changement climatique, le développement de nouvelles techniques et technologies, ou encore la conformité vis à vis de nouvelles normes législatives et réglementaires.
Ces échanges entre professionnels-les de l’agriculture – producteurs-rices de céréales, de fruits, cacaoculteurs-rices, éleveurs-euses, transformateurs-rices ou cueilleurs-euses, etc. – permettent de développer des solutions observées ailleurs, en les adaptant aux capacités des exploitations, à l’environnement agroécologique, aux traditions locales et aux exigences du marché.
Des dispositifs variés, à articuler selon les contextes
Pour encourager cette circulation des savoirs, AVSF mobilise plusieurs outils complémentaires : visites d’échanges entre organisations, ateliers de partage, concours-paysans, formations en cascade, champs-écoles paysans… L’approche choisie dépend des résultats attendus et des ressources disponibles.
Par exemple, les visites en dehors des localités d’origine, quoique très riches, ne permettent qu’à un nombre restreint de participants-es de s’inspirer de pratiques organisationnelles et techniques dans les zones visitées. Afin de valoriser ces échanges, il est alors essentiel d’accompagner les participants-es dans la restitution de ce qu’ils ont appris à leur retour auprès de leurs communautés, et plus largement, de leurs territoires.
Les ateliers de partage offrent quant à eux la possibilité de diffuser des pratiques et leurs résultats à un plus grand nombre d’organisations, notamment grâce à la visioconférence. Il convient néanmoins de rester attentif aux inégalités d’accès à ces technologies, qui peuvent exclure les plus précaires, en particulier les femmes.
En ce qui concerne les champs-écoles paysans, ils permettent aux producteurs-rices de tester en conditions réelles différentes techniques endogènes ou issues de la recherche. Les résultats obtenus sont ensuite partagés avec d’autres producteurs-rices du village ou de la coopérative. La mise en réseau de plusieurs champs-écoles favorise la réalisation d’un grand nombre de tests comparatifs, à condition d’instaurer un suivi homogène pour faciliter l’analyse et la comparaison.
Enfin, de nombreux groupes d’échange se développent aujourd’hui sur WhatsApp, Facebook ou d’autres plateformes. Ces outils numériques permettent aux producteurs-rices d’échanger des informations, poser des questions ou partager des vidéos de bonnes pratiques. Néanmoins, si l’accès à ces réseaux est de plus en plus répandu, il reste assez inégal et dépend des conditions locales d’équipement et de connexion.
Repenser la coopération internationale depuis le Sud
Les modalités d’échanges Sud-Sud sont donc multiples, souples et évolutives. Chez AVSF, nous sommes convaincus que ces échanges ne sont pas qu’un outil de transfert de connaissances : ils constituent une véritable dynamique de solidarité.
C’est pourquoi ils font pleinement partie de notre ADN et de nos méthodes. Ils permettent de construire un modèle de coopération ancré dans les réalités, porté par celles et ceux qui cultivent, transforment et nourrissent leurs territoires.