Myriam MACKIEWICZ HOUNGUE, directrice des programmes
Nous l’avons vu tout au long de ce numéro : notre santé dépend de ce que nous mangeons, mais aussi de la manière dont nous cultivons nos champs et élevons nos animaux. Derrière chaque assiette se cache donc un système agricole, qui peut nourrir… ou fragiliser nos corps et nos territoires.
L’agriculture industrielle, soutenue par de puissants acteurs économiques, produit aujourd’hui des déséquilibres profonds : sols dégradés, eau polluée, biodiversité détruite, paysans et paysannes appauvris. Les pesticides, par exemple, intoxiquent les paysans et contaminent les sols et les aliments que nous consommons. L’élevage industriel, quant à lui, favorise l’émergence de zoonoses. En effet, la densité animale élevée, l’uniformité génétique et la destruction des habitats naturels créent un terrain idéal pour que les maladies animales se transmettent aux humains.
L’agroécologie, un remède concret
Face à ce constat, des alternatives existent. En Afrique, Amérique latine et Asie, AVSF accompagne les familles paysannes vers des systèmes agricoles et d’élevage agroécologiques. Sélection de semences rustiques, médecine ethnovétérinaire, rotations et associations de cultures, fertilisation organique, agroforesterie, lutte intégrée : autant de pratiques qui réduisent le recours aux intrants chimiques et médicaments vétérinaires, protègent les écosystèmes et améliorent la diversité et la qualité nutritive des aliments. En soutenant des élevages paysans à taille humaine, respectueux des animaux, les actions d’AVSF limitent aussi la propagation rapide des virus et bactéries, tout en offrant aux familles une alimentation plus saine.
Une seule santé
Chez AVSF, nous en sommes convaincus : la santé des humains est indissociable de celle des animaux et de la planète. C’est le principe du One Health, « une seule santé », que nous plaçons au cœur de notre action. Depuis toujours, AVSF agit à cette intersection. En travaillant main dans la main avec les communautés rurales, en associant agronomes, vétérinaires et spécialistes de l’environnement et du développement, nous faisons vivre cette approche intégrée. Face aux crises climatiques, alimentaires et sanitaires, il est urgent de s’engager pour une agriculture qui soigne au lieu d’empoisonner. L’agroécologie paysanne n’est pas une option parmi d’autres : c’est une réponse essentielle aux enjeux de santé, de justice sociale et de durabilité.