Comment les pratiques agroécologiques impactent-elles la production ? Quels nouveaux services proposer aux membres des coopératives ? Quelles politiques publiques qui soient favorables au secteur ? Autant de questions concrètes qui réunissent producteurs et productrices d’Équateur, du Pérou et de Colombie lors des échanges entre pairs organisés par AVSF et ses partenaires dans le cadre du projet Cacao BioAndino.
Depuis 2024, la seconde phase de ce projet soutient vingt-six organisations de producteurs-rices. Toutes cultivent un cacao de qualité, certifié bio et équitable. Et toutes sont concernées par les mêmes défis : intensifier écologiquement la production sur de petites surfaces, accéder à des marchés avantageux, renforcer leurs structures et obtenir des politiques publiques de soutien au bénéfice de leurs membres.
Trois pays, un objectif commun
Parmi les leviers clés du projet : des rencontres entre cacaoculteurs-rices des trois pays. Au moins une fois par an, une organisation plus avancée accueille ses homologues. Elle leur ouvre ses portes et ses parcelles pour partager ses réussites et ses difficultés. C’est l’occasion d’aborder les pratiques d’agroforesterie, la fabrication de bio-intrants, la gestion des étapes délicates de fermentation et de séchage, ou encore les initiatives de transformation locale. Mais ces journées ne se limitent pas à l’agronomie. On y discute aussi de gouvernance interne, de stratégies commerciales, et de services sociaux aux membres, comme les bourses scolaires pour les enfants des producteurs ou les activités à destination des femmes et des jeunes.
Dans un contexte où voyager dans un pays voisin représente un coût souvent inaccessible, ces échanges sont un tremplin unique pour les cacaoculteurs-rices. L’objectif est triple : inspirer, partager, construire ensemble. « L’idée n’est pas de vendre du rêve, mais de montrer ce qu’il est possible d’améliorer », résume Romain Valleur, responsable du pôle organisations paysannes et marchés chez AVSF. « Les organisations s’inspirent d’autres manières de faire et voient ce qui serait utile et reproductible chez eux, en l’adaptant à leur réalité. »
Construire une voix collective
Quels sont les défis pour rendre la filière cacao plus durable et équitable ? Comment l’État peut-il soutenir les producteurs et productrices et leurs organisations ? Ces rencontres alimentent l’analyse partagée et la co-construction des politiques publiques d’appui à la filière, et permettent de définir les stratégies collectives d’influence des décideurs politiques. La première phase du projet a donné lieu à des avancées positives, comme la reconnaissance par l’État péruvien de la formation de jeunes contrôleurs qualité au sein des organisations, ou la participation active des organisations accompagnées en Colombie dans l’élaboration de la Stratégie nationale du cacao et ses produits dérivés. L’objectif : faire en sorte que ces positions collectives, issues du terrain, puissent peser dans les débats publics de la région… ainsi qu’à Bruxelles, face aux nouvelles règles européennes en matière de lutte contre la déforestation notamment.
Prochain échange prévu en juillet 2025 au Pérou, à l’occasion du Salon du chocolat de Lima. De nombreuses organisations y participeront avec l’appui du projet pour renforcer leur visibilité, tisser de nouvelles relations commerciales et poursuivre, ensemble, la construction d’une filière cacao équitable et durable, par et pour les producteurs-rices.