Christophe et Birgit sont Suisses. Ils sont installés au Portugal depuis 3 ans. Promis à une brillante carrière d’ingénieur réseau, après quelques années dans le métier il se rend compte qu’il sacrifie à l’industrie ses idéaux de vie et procède à une totale reconversion. Il laisse tomber le costume pour se consacrer à ses abeilles (apiculteur professionnel avec 50 ruches), à ses enfants, à sa cuisine, à son potager. Déjà ses parents avaient vécu une transformation similaire pour des raisons de santé en redéfinissant leur alimentation : que du bio cultivé soi-même. Le maraîchage était dans les gènes de la famille. Birgit infirmière de profession, laisse tout tomber pour se consacrer à son rêve. Un rêve qu’il partage en couple. Bravo.
Passionnés de jardinage et de culture, ils ont eu un coup de cœur pour ce coin perdu du Portugal. Il en fallait du cœur à l’ouvrage pour s’installer sur un terrain couvert de ronces, avec une maison en piètre état. En plus du débroussaillage massif, le premier souci a été d’implanter l’électricité. Avec des panneaux solaires, ils sont désormais totalement indépendants et alimentent toutes les dépendances de la maison (poulailler, atelier, tiny house, etc.) : un très bon point vert pour commencer.
Le deuxième souci endémique de la région a été la pénurie d’eau. Ici, il peut pleuvoir de novembre à avril, mais les mois d’été sont caniculaires et secs. Avec l’ambition de cultures maraîchères et arboricoles, les besoins étaient énormes. Christophe a une source qui sèche en juin (celle-ci alimente un bassin) et a fait creuser un puits à 150 mètres qui lui donne 2000 litres par jour, mais avec le risque de tomber sur des nappes fossiles et de les polluer. Trop risqué de faire un autre forage, il a donc choisi de structurer le terrain avec des canaux suivant les lignes des pentes pour récupérer toute la pluie et limiter l’érosion. Des gros réservoirs sont disposés sur le terrain (bassins Half-Moon comme le font les Maasaï) pour récupérer les écoulements de surface et les sources temporaires ainsi qu’une pompe solaire qui lui remonte toutes ces réserves au sommet du terrain.
Avec 27 mètres de dénivellation, Christophe obtient presque 3 bars de pression pour son arrosage. Des arbres plantés le long des canaux profitent de l’eau qui coule et limitent l’érosion. L’arrosage est organisé en fonction des plantes et arbres à irriguer et est de manière très scientifique distribué selon un calendrier précis. La terre à leur arrivée était très pauvre, sèche et morte par endroit. Du lessivage, au labour profond, au remblais mauvais. La terre est à 60% composée de sable, 20% d’argile, 20% de limon. Le premier travail a été de la fertiliser sans intrant, avec du compostage naturel.
Christophe et Birgit font un broyat très varié avec de nombreuses essences et espèces pour équilibrer l’apport en azote, phosphate et phosphore, ainsi qu’avec des fientes de poules. Ils utilisent un paillage du sol pour limiter l’évaporation, et servir de substrat à leurs plantes. Christophe essaye toute sortes de plantes pour trouver ce qui fonctionne le mieux, anciennes céréales de la région, plantes de régions subsahariennes, plantes saisonnières. Il explique que la diversité et le mélange des espèces aussi bien des arbres que des semis ou du maraîchage est la garantie du succès.
Cette expérience, avec beaucoup de passion, de travail et de réflexion montre qu’un bout de terre en friche et mort peut être régénéré et donner la vie à nouveau. Avec une approche syntropique et une observation des résultats et des évolutions, on peut devenir autosuffisants et peut être même plus. Et surtout se nourrir de manière très saine.
Bonne chance à Birgit et Christophe et surtout merci pour votre accueil extraordinaire.
