Pesticides : la santé des producteurs-ices sacrifiée

Maladies chroniques, troubles neurologiques, intoxications aiguës… Les pesticides ont un impact très concret sur la santé. Dans les pays du Sud, des millions de producteurs et de productrices y sont exposés chaque jour par inhalation ou par contact cutané.

Leur usage a en effet bondi de 30 % jusqu’à plus de 140 %, respectivement en Afrique et en Amérique du Sud ces trente dernières années. Les effets s’accumulent dans le temps et peuvent entraîner des incapacités durables, voire la mort. Et ils ne se limitent pas aux producteurs : les consommateurs, les animaux et l’environnement paient eux aussi le prix fort.

Diffuser des alternatives agroécologiques concrètes

Depuis plus de dix ans, AVSF travaille sur des alternatives aux pesticides à travers une approche « One Health » (ou « une seule santé »). La prévention commence souvent par une meilleure sensibilisation des producteurs et productrices aux dangers des matières actives les plus toxiques, à l’importance des équipements de protection et aux bonnes pratiques d’usage. Une étape indispensable, avant même d’entamer une transition agroécologique, qui peut prendre du temps.

Pour faciliter l’adhésion à ces pratiques alternatives, des « champs-écoles » sont souvent mis en place. Chacun y est libre d’expérimenter et d’observer les résultats de différentes techniques agroécologiques avant de les adopter.

La rotation et les associations de cultures permettent par exemple d’améliorer la fertilité des sols et de limiter la propagation de ravageurs et maladies. La fabrication et l’usage de compost et le choix de variétés rustiques adaptées complètent ces pratiques ancestrales revisitées. AVSF forme également les paysans à la fabrication et l’utilisation de bio-intrants, biopesticides et au maintien de la biodiversité agricole (haies-vives, bandes enherbées, etc.), pour favoriser la régulation des ravageurs par les ennemis naturels déjà présents dans l’environnement. Les résultats sont souvent sans appel : baisse des maladies et rendements plus stables.

« Grâce au programme Équité, j’ai appris à produire et utiliser du bokashi et des biopesticides et j’encourage les autres à les utiliser pour remplacer les engrais minéraux et pesticides. Mes rendements ont plus que doublé ! », témoigne Eugène Yao Kacou, producteur de cacao en Côte d’Ivoire.

Diminuer l’usage des pesticides dans la production de fleurs sous serre en Équateur

Au nord de l’Équateur, dans le canton de Cayambe, AVSF accompagne les producteurs et productrices de fleurs coupées sous serre, l’une des principales activités économiques de la région. Compte tenu des normes strictes sur le calibre et la qualité des fleurs vendues, les agriculteurs sont contraints d’utiliser des mélanges d’insecticides et fongicides deux à trois fois par semaine. Des traitements souvent administrés sans protection, qui entraînent un essor de maladies chroniques. L’impact à long terme sur les sols et les ressources en eau reste par ailleurs insuffisamment pris en compte. Dans le cadre du projet FINCA, AVSF propose des formations aux producteurs, pour leur apprendre à prévenir et limiter les risques liés aux pesticides. La diffusion d’alternatives agroécologiques comme les biopesticides ou l’introduction de plantes répulsives ou attractives de certains ravageurs constituent également un premier pas vers des systèmes de culture de fleurs sous serre plus durables.

Faire bouger les lignes à travers un plaidoyer fort

Entre campagnes de sensibilisation, interventions médiatiques et interpellations des décideurs publics, AVSF active tous les leviers pour obtenir des résultats concrets au-delà de l’accompagnement local. En septembre dernier, nous avons notamment co-signé un communiqué de presse aux côtés de six autres organismes pour exiger de l’Union européenne et de la France un arrêt total des exportations de pesticides interdits vers le Sud.

Auprès des pouvoirs publics des États du Sud, la priorité est de renforcer les réglementations et la mise en œuvre d’accords internationaux relatifs aux pesticides, ainsi que la reconnaissance des alternatives agroécologiques. Dans ce combat, AVSF agit en coalition avec des organisations paysannes et citoyennes. A Thiès au Sénégal, en avril 2025, les organisations paysannes régionales et plusieurs autres mouvements de la société civile ont ainsi signé une déclaration commune dénonçant la prolifération des pesticides interdits en Europe mais toujours écoulés en Afrique.

Si la route reste encore longue, plusieurs belles avancées ont déjà eu lieu en faveur de l’agroécologie, comme au Togo, où la vente d’herbicides à base de glyphosate a été officiellement interdite. Parce que la santé des producteurs et des productrices est au cœur d’un avenir agricole durable, AVSF continue de former, d’étudier et de se battre.

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