Améliorer les connaissances des maladies animales en Mongolie

Caroline DRIOT, responsable du projet Dornogobi explique l’importance des services vétérinaires de proximité en Mongolie

Caroline Driot était responsable du projet Dornogobi mis en œuvre par AVSF en Mongolie entre 2014 et 2016. Le but de ce projet était d’améliorer la connaissance des maladies animales de la province et d’établir un référentiel des pathologies animales rencontrées sur le terrain.

Quel était votre rôle dans le projet Dornogobi ?

Concrètement notre travail ressemblait un peu au travail de vétérinaire rural en France : nous recevions des appels d’éleveurs confrontés à des troubles sanitaires dans leurs troupeaux, nous nous déplacions pour effectuer l’examen des animaux concernés, établir un diagnostic et proposer un traitement aux éleveurs.

Notre rayon d’intervention était immense et il nous fallait parfois 2 heures de route pour trouver les éleveurs : même si nous essayions de regrouper les visites pour optimiser les déplacements, les pistes du Gobi ont mis nos articulations à rude épreuve !

Une fois sur place chaque examen faisait l’objet d’un compte-rendu écrit regroupant les informations générales (espèce animale, âge, zone de pâturage,…), le diagnostic émis suite à l’examen clinique, et le traitement à mettre en œuvre. Un exemplaire était laissé à l’éleveur et nous emportions une copie pour notre base de données. L’exploitation de ces données a permis de déterminer les dominantes pathologiques et leurs variations géographiques ou temporelles au cours des 2 années du projet.

Qu’est-ce que le projet a apporté aux éleveurs ?

Ce genre de service vétérinaire de proximité était inédit en Mongolie, où le travail des vétérinaires consiste essentiellement à réaliser les campagnes de vaccination officielles et le déparasitage des troupeaux.

Le prix induit par les distances et le peu de liquidités des éleveurs rendent les consultations vétérinaires rares. De plus la constitution mongole stipule que le cheptel national est sous la protection de l’Etat : beaucoup d’éleveurs considèrent donc que ce n’est pas à eux de financer la santé de leurs animaux ! Dans le cadre du projet Dornogobi, seuls les médicaments restaient à la charge de l’éleveur.

Ce travail a permis de dispenser des informations et des conseils aux éleveurs (causes des maladies observées, traitements possibles, mesures de prévention). En effet les éleveurs du Dornogobi ont un niveau de connaissances en santé animale relativement faible. Nous avons pu nous en rendre compte au cours d’un échange organisé avec des éleveurs d’Arkhangai impliqués dans les coopératives et GDS (groupements de défense sanitaire) mis en place par AVSF. Ces derniers ont bénéficié de formations en santé animale, et ont un niveau de connaissances bien meilleur que les éleveurs du Dornogobi.

Ce service de proximité a également permis de déceler précocement des foyers de maladies contagieuses , comme la clavelée, et de prévenir au plus vite les autorités locales en charge de la gestion de ces épizooties, afin d’en limiter la diffusion.

Quelles sont les perspectives pour l’avenir ?

Au cours de ce projet nous avons mis en évidence la circulation, au sein de nombreux troupeaux, d’un virus jusqu’alors non étudié en Mongolie. Ce virus est responsable d’une maladie des petits ruminants qui se traduit par des troubles de la reproduction. Cette information a été partagée avec les autorités locales et nationales, et nous espérons qu’elle ouvrira la voie à plus d’études pour comprendre l’épidémiologie et l’impact de la maladie dans le pays. Nous espérons également que les éleveurs ont acquis des connaissances vétérinaires utiles à notre contact, et qu’ils sont mieux armés pour faire face aux troubles sanitaires affectant leur bétail.

Projet(s)

en relation avec cette actualité

Participez au projet en soutenant AVSF

Actualités

Retrouvez les dernières actualités d'AVSF

 

Pour AVSF, Katia Roesch, chargée de programme Agroécologie et Changement Climatique Dans tous les pays du monde, les paysans et paysannes testent des méthodes, des pratiques de culture et […]

agroécologie

Ousmane Baldé, agro-éleveur de 35 ans, vit dans la petite ville de Paroumba au sud du Sénégal, avec ses quatre enfants, sa femme, ses frères et ses parents. En […]

Agroécologie

Au cœur du sud-ouest haïtien, parcouru de collines et de plateaux étagés, la culture de l’igname est centrale pour l’économie locale. Cependant, les pratiques traditionnelles de tuteurage sont à […]

Filières équitables

Activité phare de l’île, l’agriculture malgache est confrontée à des défis majeurs tels que l’adaptation au changement climatique, l’instabilité des marchés et la dégradation des sols. Face à ces […]