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La belle histoire AVSF : voyage au milieu de l’Arkhangai

Mongolie… Vaste pays montagneux, comptant plus d’animaux que d’hommes, aux vallées verdoyantes dans lesquelles le regard se perd, submergé par cette immensité sauvage. Nous sommes en août, c’est la fin de l’été. Un vent frais balaye la steppe désertique. Au loin, de doux massifs rocheux attirent l’œil de leur imposante et rassurante constance. Ici et la, quelques yourtes blanches, autour desquelles broutent des troupeaux de yacks et de chèvres, témoignent d’une présence humaine discrète.
C’est dans ce magnifique panorama, dans la province de l’Arkhangai, que Barbara Dufour, vice-présidente d’AVSF et vétérinaire enseignante à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, va passer les quinze prochains jours. Elle sera assistée par Mungo (de son vrai nom Munguntsetseg Tsendayush) qui sera sa collaboratrice AVSF locale et son interprète, ainsi que par une personne de la FEA (Fédération des Eleveurs de l’Arkhangai). L’objectif est d’évaluer l’activité des Groupements de Défense Sanitaire (GDS) dix ans après leurs créations afin de rédiger un rapport et apporter des pistes pour de nouveaux projets qui viendront renforcer et développer ces groupements.

Cette mission s’articule autour du principe de « One health » (une seule santé). En Mongolie, les troupeaux des « 5 museaux » (chameaux, chèvres, moutons, yacks et chevaux) paissent tous ensemble dans les plaines. Au delà de la problématique du surpâturage, liée à la prime accordée pour les troupeaux de 1000 têtes, viennent celles du parasitisme et des soins vétérinaires. Ici le métier de vétérinaire est difficile, peu valorisé et mal rémunéré. Ils sont donc peu nombreux (environ 1500 pour 62 millions d’animaux) et encore moins qui acceptent de se déplacer en campagne. De plus, les éleveurs, ayant pris l’habitude de soigner leurs bêtes eux-mêmes, sont méfiants et n’accordent pas facilement leur confiance. Un des objectifs d’AVSF est donc d’améliorer les relations entre les deux parties. La création de GDS permet de centraliser les soins (par exemple en finançant des campagnes de lutte contre le parasitisme) et représente un premier pas vers une collaboration durable.

À la rencontre des groupements 

Retrouvons à présent Barbara et Mungo. Il est 4h du matin, le jour n’est pas encore levé mais notre équipe est déjà prête et rejoint son chauffeur. Il y a 5h de route pour rejoindre une famille d’éleveurs nomades dans les terres de l’Arkangai. Ces longs trajets à travers les plaines désolées sur des pistes parfois impraticables ne facilitent pas la mission mais le paysage si beau et si sauvage atténue largement cette contrainte.

Arrivés au campement, l’accueil se fait dans la joie et la bienveillance. Les femmes, qui régissent la vie du quotidien, ont préparé quelques plats typiques du pays accompagnés d’un thé salé au lait de yack. Le palais, il est vrai, peu accoutumé à la cuisine mongole, Barbara ne peut réprimer une grimace en goutant la boisson, provoquant l’hilarité du groupe.

Après la visite du campement et de longues discussions et échanges d’idées, il est temps de repartir vers un autre des 25 GDS initialement créés puis de retourner à l’hôtel au centre de la province. Le but étant de visiter chacun des groupements toujours actifs (au nombre de 10) afin de recueillir les témoignages et dresser un bilan une décennie après le début du projet. Les journées s’enchaînent, aussi captivantes et pleines de promesses les unes que les autres.

Deux semaines sont passées, la mission s’achève…

Les entretiens avec les éleveurs auront montré que les GDS permettaient un dynamisme et une prise de conscience des biens-faits du travail collectif sur l’action sanitaire. La plupart des éleveurs sont motivés et demandeurs de formations. Tout l’enjeu est de réussir à fédérer ceux qui sont réticents au travail en collectivité, après un passé politique communiste, autour du sujet de défense sanitaire (créer de nouveaux GDS, créer une caisse commune pour l’achat de produits vétérinaires, pérenniser la FEA, faciliter l’exportation, valoriser commercialement les produits de l’élevage comme par exemple le cuir ou la laine de yack…).

Barbara s’envole pour retourner en France. De son hublot, elle adresse un au revoir silencieux à ce magnifique pays et à ses habitants aux conditions de vies si difficiles et pourtant si accueillantes. Elle gardera longtemps en mémoire ces paysages apaisants, empreints de liberté que l’on rêve en secret de parcourir au rythme du pas d’un cheval avec le vent et les oiseaux pour seule compagnie.

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