Répondre aux défis du XXIe siècle avec l’agroécologie : pourquoi et comment ? La note de synthèse

Auteur(s) : sous la direction de

Année : 2013

Note de synthèse

Répondre aux défis du XXIe siècle avec l’agro-écologie : pourquoi et comment ?
Note de synthèse de la ublication Coordination Sud – AVSF-GRET – Document de référence

Face aux impacts négatifs et aux limites de l’agriculture issue de la «révolution verte» – qualifiée d’agriculture « productiviste » car uniquement centrée sur des objectifs de production et de revenus de court terme-, de multiples démarches visent à mettre en œuvre une agriculture agroécologique, c’est-à-dire qui concilie les objectifs de production avec des objectifs écologiques, voire des objectifs sociaux (emploi, niveau et qualité de vie, sécurité alimentaire, etc.). Mais, la généralisation de ces expériences reste un défi majeur.

La présente note rédigée par GRET et AVSF dans le cadre de la Commission « Agriculture et Alimentation » de Coordination Sud vise d’abord à expliquer en quoi l’agroécologie peut contribuer à répondre aux grands défis à venir de l’humanité (sécurité alimentaire d’une population en croissance et dont les modes de consommation évoluent, développement économique et social des pays du Sud, crise écologique). Elle vise ensuite à préciser les conditions nécessaires à la généralisation de l’agroécologie : type d’agriculture (familiale ou capitaliste) à prioriser, dispositifs de soutien et d’accompagnement, environnement économique, politiques agricoles, coopération internationale.

Limiter les impacts et externalités négatives des agricultures « productivistes » intensives, augmenter la productivité de la terre pour la sécurité alimentaire mondiale, assurer la souveraineté alimentaire des pays et des territoires ruraux pour plus d’autonomie et limiter leurs trop grandes dépendances aux fluctuations des marchés mondiaux de produits alimentaires, maintenir et créer des emplois dans le monde rural,  préserver les écosystèmes et les paysages, faire face à la perte de biodiversité et animale dans le monde dont sont encore détenteurs nombre de familles paysannes, répondre à la demande de plus en plus pressante des consommateurs de produits de qualité, inquiets de récentes crises sanitaires ou alimentaires … : autant de défis que l’agriculture agroécologique paysanne est à même de relever, en s’appuyant sur des savoirs et savoirs-faire pour certains déjà existants.

La note et le rapport complet qui l’accompagne montrent que la promotion de cette agroécologie paysanne implique de soutenir ses différentes composantes :

1) Technique : favoriser par des dispositifs adaptés d’échanges entre paysans et leurs organisations, de conseil technique renouvelé, de recherche au service de cette agriculture, l’expérimentation, l’amélioration et la diffusion de nombreux systèmes, pratiques et techniques agroécologiques.

2) Economique : contribuer à une réorganisation des filières d’échange et de valorisation de ces produits (transformation à la ferme, circuits courts, achats publics, certification participative, etc…), à une reterritorialisation de l’agriculture et des échanges locaux et régionaux chaque fois que cela est possible. Et permettre ainsi une meilleure valorisation des produits et rémunération des producteurs et productrices, et dans tous les cas une diminution des risques qu’ils ou elles prennent au niveau économique.

3) Social et politique :  renforcer particulièrement le rôle des organisations paysannes et des réseaux oeuvrant pour la promotion de l’agroécologie (réseaux d’innovations et d’échange, plateforme de réflexion sur l’agriculture agroécologique), mais également pour le contrôle social des politiques, pour la reconnaissance de produits issus de l’agroécologie paysanne, pour la défense des droits d’accès au foncier, au crédit à des marchés spécifiques et rémunérateurs, enfin pour la mise en place de nouveaux services (conseils techniques, plaidoyer, certification participative, etc.).

Or s’il s’agit vraiment de changer d’échelle et renouveler les systèmes agricoles, un soutien déterminé à l’agroécologie paysanne pose donc des défis majeurs à tous les acteurs concernés, et requiert de changements d’attitude et de pratiques : techniciens et praticiens de l’agriculture et de l’élevage, recherche agronomique, institutions de formation, institutionnels et politiques, coopération internationale publique et privée. C’est aussi un défi pour les propres organisations paysannes. Sont-elles toutes prêtes à engager une réflexion courageuse sur leurs pratiques et sur l’agriculture qu’elles souhaitent défendre demain en terme de produits et de qualité, qui offrira des perspectives encourageantes à leurs enfants et protègera cette terre dont nous dépendons tous ? Ces organisations doivent également être en capacité de prendre en charge certains services pour la promotion de l’agroécologie (réseaux et groupes d’innovation et d’échanges, certification participative), de plaidoyer auprès des autorités publiques, des collectivités et du secteur privé, de contrôler les politiques mises en place, enfin de créer de nouvelles alliances tout particulièrement avec les consommateurs.

Les auteurs rappellent  finalement que l’agroécologie n’est une approche ni dogmatique, ni réductrice. Il faut faire tomber les peurs et réticences qui entourent encore trop ce mot. Non, l’agroécologie ne se limite pas à l’agriculture biologique, même si celle-ci est bel et bien un objectif souhaitable à moyen terme. Pour nombre d’agricultures du monde, il s’agit bien de promouvoir une transition agroécologique, qui prenne en compte toutes les marges de progrès possibles pour remplacer peu à peu des techniques de l’agriculture conventionnelle par des pratiques agroécologiques. Non, l’agroécologie, ce n’est pas non plus « retourner à l’autarcie » mais promouvoir des systèmes agricoles et d’échanges plus autonomes, limitant en premier lieu les risques pour les producteurs et productrices, mais aussi pour les consommateurs et toute la société. Bien loin de la diffusion de modèles techniques agroécologiques clés en main (ne reproduisons pas les erreurs du passé …), cette approche réaliste et pragmatique de la transition agroécologique recquiert de réponses différentiées et adaptées sur les territoires ruraux.

Un danger majeur guette pourtant l’agroécologie : celui d’être récupéré et banalisé dans des concepts moins exigeants tel que l’agriculture raisonnée  ou la « climate smart agriculture », pour ne citer que ceux là.  La transition agroécologique que défend ce rapport, les auteurs et Coordination Sud, mérite une ambition partagée pour, tout simplement, revenir, avec un minimum de bon sens, aux fondamentaux de l’agriculture, pour retrouver cette diversité de production et de milieux, pour construire sur les territoires des systèmes agricoles et d’échanges plus autonomes, et moins risqués pour toute la société. C’est cette agroécologie paysanne qui permettra finalement de revaloriser le métier, les savoirs et les savoir-faires du paysan, et de récréer du lien social, du respect et de la confiance entre la société et une agriculture nourricière qui ne violente plus la nature.

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