Dans les hauts plateaux du sud de l’Éthiopie, où l’élevage laitier familial est une ressource vitale, les mammites représentent une menace majeure. Pour y faire face, AVSF soutient la transmission de savoirs entre éleveuses pour prévenir, diagnostiquer et soigner la maladie.
Faciliter le diagnostic et les soins
La mammite est une infection très courante des mamelles des vaches laitières, qui dans cette région d’Éthiopie, peut réduire la production de lait de 18 %. Un manque à gagner important pour des familles déjà sous pression.
Toutefois, ces symptômes peuvent parfois passer inaperçus. Abraham Yohannes, vétérinaire et responsable de projet, a mis au point un kit pour permettre aux éleveuses de diagnostiquer et traiter facilement les mammites subcliniques⁽¹⁾ en utilisant des produits naturels, disponibles localement. Les animaux sont ainsi testés tous les trois mois afin d’être soignés le plus rapidement possible et limiter les baisses de production.
Le traitement développé dans le cadre de ce projet est 100% naturel. Il s’agit d’un mélange de curcuma et d’aloe vera, deux plantes aux propriétés anti-inflammatoires bien connues. Les résultats obtenus jusqu’à présent sont prometteurs : après cinq jours de traitement, on observe un taux de guérison de 95 %, avec un retour rapide au niveau de production initial.
Une réponse locale, au féminin
Le projet repose sur un système de formation en cascade. Au démarrage, les équipes du projet ont formé vingt éleveuses à ces nouvelles méthodes ainsi qu’aux techniques de formation. Une fois les pratiques maîtrisées, ces vingt éleveuses forment à leur tour entre dix et vingt éleveuses chacune, et ainsi de suite. Cette démarche de pair à pair favorise une diffusion rapide des pratiques, parce qu’elle repose sur des liens de proximité, un langage commun et des réalités partagées.
Ce système offre des résultats concrets : plus de lait et moins de dépenses vétérinaires, donc plus de revenus, et un savoir-faire qui reste entre les mains des communautés.
Mais son impact va au-delà : les éleveuses formatrices gagnent en confiance et se positionnent comme référentes dans leur village.
Déployé aujourd’hui dans plusieurs kebeles⁽²⁾, ce modèle est appelé à s’étendre. L’objectif d’ici 2029 : former et sensibiliser plus de 1 000 éleveuses.
L’exemple de l’Éthiopie s’inscrit dans une approche plus large portée par AVSF.
Champs-écoles, concours paysans ou formations en cascade : ces initiatives reposent toutes sur la valorisation des connaissances locales, le dialogue d’égal à égal et la co-construction de solutions adaptées. En misant sur l’apprentissage collectif et l’expérimentation, AVSF soutient des dynamiques d’émancipation agricole et sociale qui renforcent la souveraineté des communautés, loin des logiques descendantes encore trop souvent dominantes.
(1) Dont les symptômes ne sont pas encore visibles.
(2) Villages