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La parole à Bold, Enkhtuul, Aruiuntuya et Bayansaran, éleveurs-ses mongols

En Mongolie, dans un pays où les animaux d’élevage sont vingt fois plus nombreux que les humains, l’élevage pastoral est bien plus qu’un métier : c’est une culture, un mode de vie millénaire. Depuis des siècles, les familles mongoles se déplacent avec leurs troupeaux au rythme des saisons. Mais aujourd’hui, ce mode de vie est sous pression, confronté à des défis environnementaux, sociaux et économiques. À travers les voix de quatre éleveurs et éleveuses de la région de l’Arkhangai, dans le centre du pays, découvrez un quotidien exigeant, enraciné dans une relation intime avec les animaux et la terre.

Pouvez-vous nous décrire le quotidien d’un éleveur et d’une éleveuse dans les steppes mongoles ?

Bold, éleveur à Undur Ulaan : La vie d’un éleveur mongol, c’est un travail quotidien, sans interruption, tous les jours de l’année. Je me lève à 6h du matin. D’abord, je nettoie les enclos, puis je donne du fourrage aux animaux faibles et aux plus jeunes. Ensuite, je mets le troupeau au pâturage. Pendant toute la journée, je reste avec eux pour les surveiller, surtout à cause des prédateurs. Je ne rentre qu’en fin de journée, vers 19h ou 20h. Je passe mes journées dehors, avec les animaux.

Enkhtuul, éleveuse, Tsetserleg : L’hiver est la période la plus calme, on se lève à 7h. On s’occupe surtout de nourrir les animaux avec du fourrage pour qu’ils tiennent le froid, surtout quand la neige est là. C’est aussi le moment où l’on fabrique les costumes traditionnels. En été, je commence la traite à 6h et ensuite je passe la journée à transformer le lait : crème, yaourt, fromages séchés, vodka artisanale… On refait la traite le soir, puis on chauffe le lait pour faire encore de la crème. C’est intense.

Qu’est-ce qui rend, selon vous, l’élevage pastoral si unique ?

Aruiuntuya, éleveuse de Tsetserleg : Moi, je suis fière d’être éleveuse dans les steppes car nous sommes très proches de la nature. Nos animaux ne mangent que des plantes naturelles. Il n’y a rien de chimique, pas d’engrais supplémentaire. Nos fromages sont totalement bio. C’est ça, l’élevage pastoral : c’est écologique, enraciné, durable. Il faut être courageux car nous sommes dans des conditions extrêmes. Et nous les femmes, on est capables de tout faire. On peut monter à cheval et s’occuper des troupeaux comme les hommes.

Comment voyez-vous l’avenir de votre mode de vie ?

Bayansaran, éleveuse à Tsetserleg : Cela fait 30 ans que je suis dans l’élevage. En 1990, après la chute du régime soviétique, les jeunes voulaient tous devenir éleveurs : il y avait peu d’animaux, les pâturages étaient vastes. Aujourd’hui, c’est le contraire. Les jeunes partent en ville. Certains pâturages sont dégradés, car il y a parfois trop d’animaux et trop peu de régulation. L’élevage nomade devient donc difficile. Dans certaines régions, on voit de plus en plus de désertification. Certains éleveurs commencent même à abandonner le mode pastoral pour de l’élevage intensif ou des fermes laitières. Mais ça n’a rien à voir avec notre lien au territoire.


Propos recueillis par Manon Lelarge, coordinatrice nationale d’AVSF en Mongolie, mars 2025.

Dans la région de l’Arkhangai, AVSF travaille avec les éleveurs et éleveuses pour valoriser leurs savoirs, soutenir des pratiques durables, et renforcer leur autonomie face aux défis climatiques et économiques. Aux côtés des communautés, nous accompagnons également la mise en place de solutions collectives de gestion des pâturages pour lutter contre le surpâturage et la désertification, afin de préserver la richesse de ces écosystèmes uniques.

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