Au Sénégal, lutter contre les migrations paysannes forcées en donnant les moyens de rester

« Que tu cultives 10 ou 300m², que tu récoltes beaucoup d’arachides ou non, tu ne les vendras pas à un bon prix. C’est pareil pour le coton. Ici il n’y a pas de travail, c’est pour cela que les jeunes africains veulent aller en Europe. Il n’y a rien ici, mon ami, à part la pauvreté ».

Ces mots d’un jeune villageois de Vélingara, témoignent du désespoir de sa génération, pour qui l’idée de réussir sur les terres des parents est bien moins évidente que l’exode. En Casamance, AVSF accompagne les familles les plus pauvres dans la construction d’un avenir économique pérenne sur les terres familiales.

Gaynal, ou « devenir résilient »

Gaynal, c’est le nom du projet triennal d’AVSF en langue Pullar. Son objectif : réduire la vulnérabilité des ménages du département de Vélingara affectés par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et offrir – grâce au maraîchage et à l’élevage – des opportunités de développement à près de 10000 personnes dont 8 groupements de femmes. Ses bases : lutte contre la malnutrition, renforcement des capacités de production et création d’activités génératrices de revenus.

« Des rations alimentaires de 3 mois sont fournies pour qu’ils puissent se consacrer entièrement à la culture de leurs parcelles. »

Des rations alimentaires de 3 mois (dits filets sociaux) sont fournies aux ménages les plus pauvres pour qu’ils puissent se consacrer entièrement à la culture de leurs parcelles, plutôt que de chercher d’autres sources de revenus pendant la période de soudure alimentaire. En parallèle, les familles bénéficient d’un appui à la création d’activités rémunératrices ciblées sur les jeunes et les femmes, et basées sur des filières à cycle court : maraichage, petit élevage. En 2018, 350 jeunes ont bénéficié d’un accompagnement aux techniques maraîchères agroécologiques et à la culture de légumes 12 mois sur 12, et 25 autres jeunes ont bénéficié d’un appui en aviculture et élevage de petits ruminants. En un an, « Les résultats sont sensibles », témoigne Mme Dabo Bandia, vice-présidente d’un groupement de femmes. « En 2017, nous avons récolté 7 tonnes d’oignons, entièrement vendues. De quoi payer la scolarité de nos enfants, nous habiller, soigner toute la famille et équilibrer notre alimentation. Avant, nous peinions à gagner 5.000 FCFA par mois, aujourd’hui nous pouvons empocher 15.000 FCFA par semaine».

Une filière lait qui fait école

AVSF accompagne les éleveurs en Casamance depuis 1991, en appuyant notamment l’amélioration des performances de la filière lait et des formations pour que les éleveurs intègrent des pratiques permettant de diminuer progressivement le caractère saisonnier de la production laitière (stabulation). A Kolda et à Vélingara depuis 2001, AVSF a accompagné la structuration de 2 réseaux impliquant 475 éleveurs et 16 mini-laiteries, dont 5 coopératives, et un réseau de collecteurs. La création de métiers para-agricoles – livreurs, transformateurs, vendeurs – a impliqué les communautés dans le développement du territoire. La collecte de lait a doublé entre 2010 et 2017, augmentant de 15% les revenus dans la zone. 20 unités paysannes de transformation laitière fonctionnent aujourd’hui avec une capacité de collecte de 350 000 litres/an et la démarche « filière lait » d’AVSF fait désormais école.

Ces résultats montrent que l’agriculture paysanne, lorsqu’elle s’inscrit dans des politiques de développement soutenues par les Etats et les collectivités locales, peut générer des emplois décents et des activités rentables qui sont autant de voies d’avenir pour les nouvelles générations.

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