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La belle histoire AVSF : adoptés en Colombie, le temps d’un confinement

1°12’13’’ Nord et  77°16’17’’ Ouest, nous voici à  San Juan de  Pasto en Colombie. C’est dans cette ville que Adrien et  Marine, deux jeunes vétérinaires français ont choisi de partir en mission pour AVSF. Leur objectif est de recenser les connaissances traditionnelles sur la prévention et le traitement des mammites chez la vache laitière. Pasto est  le  siège du  bureau AVSF où  ils travaillent en  collaboration avec Gonzalo Cardona, le  responsable colombien de  l’association et vétérinaire expérimenté. Cependant c’est dans les villages situés autour de  la  ville que la véritable mission a lieu. Perdues dans les vertes vallées entre les monts escarpés de la Cordillère des Andes vivent des familles d’éleveurs. Quelques vaches (pas plus d’une quinzaine) dont ils vendent exclusivement le lait trait à la main, une cinquantaine de cochons d’inde élevés pour la viande et un ou deux hectares de culture vivrière (pommes de terre principalement). Un de ces villages se nomme El Encano au bord du lac de La cocha. C’est là que vivent Amanda et Hernando et leurs deux enfants Duvan et Dayana qui deviendront  la  famille adoptive d’Adrien et  Marine au  cours des trois mois de confinement imposés par la crise sanitaire liée au covid-19. 

Première étape de la mission : enquêter 

En  attendant, le  virus n’étant pas encore trop menaçant dans cette région, il faut s’atteler à la première étape de la mission : enquêter auprès des fermes autour de  Pasto (questionnaires) et  dresser un  état des lieux des difficultés rencontrées dans l’élevage des vaches. Pour cela, rien de  mieux que le  travail d’équipe. Adrien et  Marine se séparent et vont, pour de courts séjours, à la rencontre des éleveurs. Entre jungle humide et marécageuse et prés paramos (biotope néo-tropical d’altitude que l’on trouve dans la  Cordillère des Andes) où  résonnent les jacassements des nombreuses espèces de  psittacidés aux couleurs chatoyantes, ce  ne  sont pas moins de  53  fermes qui acceptent departiciper au  projet. La  barrière de  la  langue n’est pas longtemps un obstacle, au bout de quelques semaines, à force de  patience et  de pédagogie, la  compréhension des deux côtés est de  mise. Toujours accueillis avec gentillesse, bienveillance et  enthousiasme, nos deux vétérinaires commencent à accumuler les connaissances et les liens d’amitié.

Trouver des solutions pour aider les éleveurs 

L’étude montre alors que les pratiques diffèrent en fonction des fermes et des  régions. Au  total 26 plantes médicinales pour les traitements traditionnels sont répertoriées et utilisées pour des préparations naturelles antiseptiques et anti-inflammatoires. Les traitements conventionnels sont mal connus ou mal employés et les traditionnels se raréfient.

Les défis sont donc nombreux, il faut expliquer aux éleveurs ce qu’est exactement une mammite, améliorer les conditions d’hygiène lors de la traite, trouver des solutions pour optimiser l’élevage des vaches (accès à l’eau, fourrage, nombre de vaches par hectare, croisements génétiques pour améliorer la lactation et  l’adaptation à  l’altitude) et diminuer leur impact sur la biodiversité.

A présent installés chez Amanda et Hernando pour 3 mois de confinement, il est temps de trouver des solutions pour aider les éleveurs et participer aux tâches de la vie quotidienne du village. Trois quart du temps sera consacré à la préparation des repas, sans oublier les goûters et collations, importantes tant en terme de récompense après les travaux manuels qu’en terme de convivialité. C’est d’ailleurs en cuisine que nos deux vétérinaires ont choisi de remercier leurs hôtes de leur généreux accueil. Au menu, un demi-cochon acheté au marché et pomme de terre du jardin. Sur leur temps libre, accompagnés par la douce odeur du cochon d’inde rôti, nos deux bénévoles s’attèlent à la rédaction d’une brochure simplifiée sur le soin des mammites, accessible pour tous les éleveurs intéressés. Après la confrontation des données avec celles de la bibliographie et des retours d’expériences, 7 plantes sont sélectionnées : la courge, le rumex, la calendula, la morelle douce amère, la camomille, l’ail et l’aloe vera. Plusieurs recettes de préparations viennent conclure les feuillets (bains anti-inflammatoires, suspensions intra-mammaire antibactérienne et préparation de post-trempage appliquée sur le  trayon après la traite comme film protecteur antiseptique et cicatrisant).

Ces huit mois passés en compagnie d’éleveurs colombiens resteront pour toujours dans le cœur de Benoît et Marine. La générosité, la gentillesse et  l’ouverture d’esprit de  ces gens les auront profondément marqués. Interrompus par le covid-19, ils ne tarderont pas à revenir pour terminer ce  qu’ils ont commencé et retrouver ainsi leurs amis dans ce paysage magnifique où la brume du petit matin se pose sur le lac comme un nuage cotonneux descendu envelopper de son doux manteau blanc les habitants d’El Encano. 

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