La « peste porcine africaine » (PPA) est un virus extrêmement résilient qui se propage à une vitesse accélérée dans la région depuis le printemps : arrivé depuis la Chine, il a touché de plein fouet le Vietnam depuis le début de l’année avant de se propager au Cambodge et au Laos, et depuis peu en Birmanie (Cf. cartographie FAO et les bulletins de OIE).
La crise s’installe de façon inquiétante dans la région, et probablement pour longtemps : en l’absence de vaccin, étant donné la résistance et contagiosité du virus (qui reste actif pendant 6 mois dans les carcasses même enterrées, ou aliments transformés, et se transmet par les habits, pneus, … où le virus peut rester plusieurs semaines voire mois si non désinfectés de façon appropriée) et sachant qu’il peut également être transmis par la faune sauvage (sangliers et cochons sauvages) et que les frontières dans la région sont poreuses et difficilement contrôlables.
Or, les impacts prévisibles sont inquiétants pour les producteurs familiaux :
– Risque de crise alimentaire et nutritionnelle : le porc est, avec le poisson, la deuxième source de protéines au Laos, déjà fortement touché par la malnutrition en zone rurale
– Risque de crise économique et sociale : le porc est un important capital de sécurité pour les familles rurales, en leur servant de liquidité pour l’achat de nourriture mais aussi pour l’accès aux services de base : école, santé, etc. (avec en moyenne moins d’un ha de riz et une seule récolte par an, les familles ne peuvent pas assurer leur autosuffisance alimentaire ni générer des revenus au cours de l’année, d’où l’importance des élevages en complément). La crise que vit actuellement la filière au niveau régional (morts, campagnes d’abattages massives) s’accompagne d’une augmentation des prix (de la viande, mais aussi des porcelets) qui réduit l’accès à ce produit de consommation mais aussi les chances de repopulation de la filière à moyen terme.
– Risque écologique et sanitaire : le cochon est un élément essentiel de transformation des déchets alimentaires domestiques en matière organique pour la fertilisation des champs (le risque étant qu’il soit remplacé par des engrais chimiques, déjà en forte progression). Le remplacement des élevages porcins (suite à leur mort ou campagnes d’abattage massives) par des volailles, à une si grande échelle et en si peu de temps, présente le risque de voir (ré)émerger d’autres épidémies, y compris des zoonoses transmissibles à l’homme (comme c’est le cas de la grippe aviaire, toujours présente dans la région)
– Risque de disparition de la filière porcine dans certains pays, notamment au Laos (enclavé entre deux grands producteurs – Thaïlande et Vietnam) au profit d’autres élevages de substitution. Or, il ne faut pas omettre qu’au-delà de son rôle écologique, nutritionnel et économique, l’élevage et la consommation de porc sont profondément ancrés dans les cultures et traditions locales. La disparition de cette filière pourrait donc avoir des répercussions socio-culturelles, voire politiques, majeures.
Cette crise, comme dans le cas de la plupart des épidémies de ce type, est par ailleurs l’occasion pour de nombreux acteurs de pointer du doigt les petits éleveurs familiaux pour encourager un modèle intensif/agroindustriel supposément plus sécurisé, ce dernier étant lui-même un vecteur de propagation rapide de la maladie à grande échelle .
Par ailleurs, elle touche directement nos projets dans la région, mettant à mal la réalisation de nos objectifs (lutte contre la malnutrition, structuration des filières) et la pérennité de nos actions (défense du modèle d’ACSAs – Auxiliaires Communautaires de Santé Animale : des éleveurs locaux formés par AVSF aux services vétérinaires de bases et habilité à prodiguer des soins vétérinaires de base pour les communités isolées. Au Laos, les 3 provinces cibles de notre projet AHAN sont les premières à avoir été impactées par le virus alors qu’elles souffrent de malnutrition chronique tandis qu’au Cambodge, les ACSA formés et encadrés depuis plusieurs décennies par nos équipes se trouvent impuissants à fournir des solutions aux fermiers face à cette crise (à défaut de formation, les ACSA soignent en vain les porcs comme pour une peste porcine classique, dont les symptômes sont identiques, jusqu’à leur mort), mettant à mal leur crédibilité et capacité d’action.
Nous manquons cruellement de financement pour renforcer la prévention sanitaire à la hauteur de ces enjeux. Votre soutien à la lutte contre la PPA nous permettrait :
1) De renforcer la formation des auxiliaires vétérinaires (ACSA) dans les villages et permettre une détection précoce ;
2) D’informer les paysans et les accompagner techniquement ;
3) De développer des modèles villageois « biosécurisés » qui seraient à la fois : efficaces (prévention contre le virus), facilement appropriable (facilité d’accès, techniques simples, peu coûteuses et peu extensives en – temps de travail), durables (utilisation de matériaux locaux permettant le renouvellement/la maintenance des infra/équipements, et leur adoption par d’autres paysans) ;
4) De protéger les races locales de porcs en vue d’une future repopulation ;
5) De travailler également sur les filières rurales en aval en appuyant la mise en place de systèmes d’abattoirs « biosécurisés » et schémas simples de traçabilité ;
6) D’initier la création de réseaux locaux d’entraide entre paysans et acteurs locaux de la filière pour diffuser les bonnes pratiques.
L’objectif de cette approche est triple :
1) Développer des modèles pilotes et d’encourager la diffusion de ces techniques au sein et à l’extérieur des villages par les pairs.
2) Démontrer l’efficacité et la pertinence de modèles biosécurisés villageois, étant donné le contexte local (autour de 80% de la production animale provient de l’agriculture familiale) et l’enjeu régional majeur d’un meilleur contrôle des maladies (animales) transfrontalières (ces systèmes biosécurisés appliqués à l’élevage porcin devant servir de modèle pour l’extension à d’autres élevages soumis à des maladies endémiques, comme la grippe aviaire, ou émergentes) ;
3) D’attirer l’intérêt des autorités locales et bailleurs pour amorcer des projets à plus grande échelle sur ce modèle, selon une approche globale « biosécurité villageoise » (focalisée en priorité sur le porc, du fait de la crise actuelle)
Avec 30€, vous permettez à nos équipes d’imprimer et de diffuser un guide de biosécurité pour former un village entier sur les mesures à prendre pour limiter les risques de contamination. (10,20€ après réduction fiscale)
Avec 60€, vous fournissez 1 kit de biosécurité pour un auxiliaire vétérinaire qui comprend des équipements personnels de protection et du matériel et des produits de désinfection. 20,40€ après réduction fiscale).
Avec 250€, vous financez la construction d’un enclos porcin « biosécurisé » pour une famille qui permettra de limiter les risques de contagion et servira de modèle pour d’autres paysans lors des voyages d’échanges d’expérience. (85€ après réduction fiscale)