Après le riz, les épices, la vanille et les fruits tropicaux sont essentiels à l’économie de l’île. Ils assurent aussi la sécurité alimentaire des familles paysannes. Ces cultures se trouvent principalement sur les côtes de l’île rouge. Pour la plupart de ces filières, la collecte et l’exportation des produits bruts sont historiquement contrôlées par quelques grandes familles malgaches, indiennes ou chinoises. Ces familles imposent leurs règles aux producteurs-rices.
Depuis 2007, AVSF soutient les petits producteurs-rices de litchi, vanille et girofle sur la côte est de Madagascar, notamment à Fénerive-Est, dans la région Analanjirofo. En 2008, AVSF a aidé à créer Fanohana, une union de structures locales. Cette union offre des services techniques et commerciaux à ses membres et valorise leurs produits grâce à une certification biologique et équitable. Elle facilite aussi l’accès à des marchés durables, avantageux et mieux rémunérés à l’international. En 2009, Fanohana devient la première organisation mondiale à produire et exporter du litchi bio et équitable vers l’Europe.
Le succès de Fanohana inspire d’autres organisations de producteurs de la région. Elles s’engagent dans le développement de filières paysannes d’exportation en commerce équitable. Depuis 2014, AVSF renforce les capacités de nouvelles organisations paysannes : Paaco, Mitsinjo et Magneva. Ces coopératives, basées dans la région Atsinanana, développent les filières sucre complet, gingembre, curcuma et ananas. Elles travaillent en partenariat avec Fanohana ou exportent directement.
À partir de 2017, AVSF consolide l’ancrage territorial de ses activités. Elle anime le RCCE (Réseau des Coopératives du Commerce Équitable), une plateforme d’échange et de mutualisation. Ce réseau regroupe les coopératives partenaires d’AVSF.
En 2018, cinq coopératives accompagnées, représentant plus de 1500 producteurs-rices, ont exporté plus de 1500 tonnes de fruits, épices et sucre. Ces exportations se font dans des filières biologiques et équitables. Le projet entre dans une nouvelle phase avec AgriCoop. Ce projet renforce la solidité, l’autonomie et la mise en réseau des coopératives. Il étend aussi la zone d’action.
Les chiffres d’affaires des coopératives montrent le succès du projet. Fanohana a dépassé 463 000 euros de chiffre d’affaires. Elle a réalisé un bénéfice net de 25 000 euros en vendant plus de 1021 tonnes de produits. Magneva, lors de sa seconde expérience d’exportation, a vendu 762 tonnes de produits. Elle a généré 164 000 euros de chiffre d’affaires. Une partie de la production est aussi vendue sur le marché local. Cela permet aux consommateurs-rices d’accéder à des produits de qualité.
Le commerce équitable prévoit des prix rémunérateurs et des primes reversées aux coopératives. Ces primes financent des investissements et des actions sociales décidées collectivement. Parmi elles : des greniers à riz, la réfection de toits et de salles de classe, le paiement de salaires d’enseignants, des actions de reboisement, la construction d’une cuisine pour un dispensaire, de ponts, et la réfection de pistes rurales.
Les interventions s’étendent aussi à la région de Boeny, avec la coopérative Kintana à Majunga pour les mangues. Elles touchent également la région de Sava, avec la coopérative UCLS pour le cacao.
De nouveaux clients s’intéressent aux coopératives. De nouveaux produits sont en cours de développement, notamment des huiles essentielles : gingembre, curcuma, cannelle, citronnelle, ravintsara et niaouly.
Aujourd’hui, le projet Agricoop repose sur une alliance entre secteur privé, organisations paysannes et collectivités. Il vise à développer les filières, favoriser les transitions agroécologiques et protéger l’environnement. Il cible particulièrement les jeunes et les femmes et accompagne aussi la structuration de coopératives autonomes et indépendantes.
Objectifs
- Appuyer une gouvernance plus large des filières exportées (fruits, épices et sucre). Cela passe par une meilleure coordination entre les acteurs régionaux, communaux, producteurs et entreprises. L’objectif est d’intégrer les filières biologiques et équitables dans les politiques publiques. Cette coordination accompagne aussi le renforcement du RCCE, récemment formalisé, qui regroupe cinq coopératives. La capacité à identifier et répondre à de nouveaux débouchés sera renforcée grâce aux échanges entre acteurs économiques.
- Renforcer la capacité de production des filières, en qualité et en volume. Faciliter l’accès aux marchés pour les Petites et Moyennes Entreprises Agroalimentaires (PMEA). L’autonomie des coopératives sera renforcée sur toutes les étapes : production, récolte et transformation.
- Étendre l’appui avec l’accompagnement d’une nouvelle coopérative en cours de structuration.